Afrique du Sud: possible libĂ©ration conditionnelle d’Oscar Pistorius

L’ex-champion paralympique pourrait être en train de passer ses derniers jours derrière les barreaux : Oscar Pistorius, condamné pour le meurtre en 2013 de sa compagne, sera fixé sur une éventuelle libération conditionnelle après une audience vendredi.
Une commission ad hoc a commencĂ© Ă se rĂ©unir Ă 08H00 GMT Ă la prison d’Atteridgeville, près de la capitale sud-africaine Pretoria, oĂą il est dĂ©tenu. L’athlète d’aujourd’hui 36 ans, condamnĂ© en appel Ă 13 ans et 5 mois de rĂ©clusion, doit y dĂ©fendre son cas.
La loi sud-africaine prĂ©voit qu’un condamnĂ© pour meurtre puisse bĂ©nĂ©ficier d’une libĂ©ration anticipĂ©e une fois la moitiĂ© de sa peine Ă©coulĂ©e. Oscar Pistorius est Ă©ligible depuis juillet 2021.
Il devrait être fixé dans les prochains jours, après délibération de la commission.
La mère de la victime, June Steenkamp, devait ĂŞtre prĂ©sente Ă cette audience fermĂ©e aux mĂ©dias pour y exposer en son nom et celui de son mari, Barry Steenkamp, l’effet tragique sur leur vie du meurtre de leur fille, a rappelĂ© leur avocate Tania Koen, en arrivant devant la prison.
« Ca va ĂŞtre traumatisant et douloureux comme vous pouvez l’imaginer », a-t-elle dĂ©clarĂ© Ă la presse. « June va devoir faire face ce matin Ă celui qui a tuĂ© sa fille. Pour eux (les parents), c’est une condamnation Ă perpĂ©tuité », leur fille Reeva « leur manque chaque jour ».
Ils « estiment qu’il ne devrait pas ĂŞtre libĂ©ré » car « il n’a montrĂ© aucun remords et il n’est pas rĂ©habilitĂ©, car s’il l’Ă©tait, il aurait Ă©tĂ© honnĂŞte et aurait racontĂ© la vĂ©ritable histoire de ce qui s’est passĂ© cette nuit-là  », a-t-elle encore ajoutĂ©.
L’avocate avait confiĂ© Ă l’AFP, quelques jours avant l’audience, que les parents Steenkamp « ne s’attendent Ă rien de particulier », la justice devant « suivre son cours ».
La commission est chargĂ©e de « dĂ©terminer si l’objectif de l’emprisonnement a Ă©tĂ© atteint », a expliquĂ© l’administration pĂ©nitentiaire. Le comportement du dĂ©tenu, son Ă©tat physique et mental ainsi que le risque de rĂ©cidive seront examinĂ©s.
Saga judiciaire
L’affaire remonte Ă dix ans. Aux premières heures de la Saint-Valentin, le 14 fĂ©vrier 2013, Pistorius tire avec un fusil Ă travers la porte de la salle de bain de sa chambre. La mannequin Reeva Steenkamp, 29 ans, venue passer la nuit chez lui Ă Pretoria, est tuĂ©e de quatre balles.
Riche, cĂ©lèbre, le sextuple champion paralympique Ă©tait entrĂ© un an plus tĂ´t dans la lĂ©gende du sport en s’alignant avec les valides aux 400 mètres des Jeux olympiques de Londres, une première pour un double amputĂ©.
« Blade Runner », son surnom en rĂ©fĂ©rence Ă ses prothèses de carbone en forme de pattes de fĂ©lin, est arrĂŞtĂ© au petit matin. Il plaide la mĂ©prise, explique avoir cru qu’un cambrioleur Ă©tait parvenu Ă s’introduire dans sa rĂ©sidence ultra-sĂ©curisĂ©e.
Lors de son procès en première instance, retransmis en direct Ă la tĂ©lĂ©vision pendant huit mois en 2014, l’ex-star apparaĂ®t en pleurs, vomissant mĂŞme Ă la lecture du rapport d’autopsie. Il Ă©cope de cinq ans de prison pour homicide involontaire.
Le parquet trouve la justice trop clémente et fait appel pour réclamer une condamnation pour meurtre. La saga judiciaire tient les médias en haleine et le monde se passionne pour cette affaire hors norme.
En appel, Pistorius se présente devant les juges sur ses moignons. Un psychologue appelé par la défense décrit un homme « brisé ». Il est condamné à six ans de prison pour meurtre.
Le parquet estime la peine encore insuffisante. En 2017, la Cour suprĂŞme d’appel condamne Oscar Pistorius Ă 13 ans et 5 mois de prison. LâchĂ© par ses sponsors, ruinĂ©, l’idole dĂ©chue vend sa maison pour payer ses avocats.
ContactĂ© par l’AFP, son avocat Julian Knight n’a pas souhaitĂ© faire de commentaire avant l’annonce d’une dĂ©cision finale sur sa libĂ©ration. En cas de refus, Pistorius pourra rĂ©clamer un rĂ©examen de sa demande.