MERCI LES BLEUS !!! Il a fallu attendre 20 ans pour voir ça. Vingt ans pour voir, lundi sur les nouveaux maillots, une deuxième étoile prendre place à côté de la première glanée en 1998. L’équipe de France a décroché la deuxième Coupe du monde de son histoire en s’imposant face à la Croatie, ce dimanche à Moscou (4-2).
C’est long vingt ans mais, hormis pour les générations 1990-2000 qui découvrent cette ivresse indescriptible, c’est comme si c’était hier tant le souvenir est vivace, autant qu’il a été entretenu à toutes les sauces ces derniers mois par les documentaires en tous genres et les matchs des champions du monde (les premiers, on veut dire), qui ne sont plus seuls désormais. Leur influence restera implacable et le répertoire emprunté à cette époque (Gloria Gaynor, « et 1, et 2, et 3-0″…) prouve que 1998 restera toujours dans les cÅ“urs.
Les Bleus entrent encore dans l’éternité à une autre époque, celle des réseaux sociaux et d’une jeunesse qui n’attend plus les années pour exploser et assumer ses responsabilités. Il y a 20 ans, les briscards (Deschamps, Desailly, Blanc, Barthez) pesaient de tous leur poids sur un groupe où les jeunes n’étaient pas si présents (Thierry Henry et David Trezeguet).
Un dénominateur commun: Didier Deschamps
Aujourd’hui, c’est le plus jeune (Kylian Mbappé, qui déteste justement qu’on lui rappelle son âge) qui prend le plus la lumière même si l’idée fondatrice de ce nouveau sacre emprunte le même chemin: une équipe soudée et des talents au service du collectif. Ce dénominateur commun est le fruit d’un homme, Didier Deschamps, qui rejoint la caste très restreinte de ceux qui ont gagné la Coupe du monde comme joueur, puis entraineur.
S’il s’en est lui-même amusé, « DD » ne peut plus convoquer « la chatte » (même si ce sont surtout les autres qui la convoquent pour lui) pour expliquer son succès. Il est grand, très grand. Il a porté une équipe très forte sur le toit du monde en cherchant toujours à maintenir un équilibre de vie. Balayant d’un revers de main 18 ans de frustration autour d’une équipe qui avait mal digéré son appétit vorace (doublé Mondial 1998-Euro 2000) en enchainant les désillusions dans les grandes compétitions suivantes.
18 ans de traumatismes volent en éclat
Oubliez la cuisse de Zidane et le fiasco du premier tour en 2002, toisez les anonymes Euro 2004 et 2008, digérez aussi le traumatisme italien de 2006, balayez Knysna 2010, la sortie sans combattre à l’Euro 2012, la main ferme de Manuel Neuer en 2014, la frappe d’un Lillois portugais en 2016, les scandales en tous genres… Les Bleus reviennent sur le toit du monde. Ils décrochent leur deuxième étoile et rejoignent l’Argentine et l’Uruguay, au quatrième rang des équipes les plus titrées de la plus grande compétition du monde. Ils ont fait cela en 20 ans.
C’est long 20 ans mais dans l’histoire du football, c’est presque rien quand on repense que la France avait attendu 68 ans pour disputer sa première finale de Coupe du monde. Où qu’ils soient, nos pères ou grands-pères peuvent nous jalouser. Cet été, et les quatre années et demie à venir, ce sera bon. Il faudra prendre le temps de bien en profiter. Même si la deuxième étoile restera là pour toujours. Les critiques, le beau jeu belge, l’ennui de France-Danemark, les aigris réactionnaires et jaloux de la diversité de ces Bleus n’y pourront rien, ni jamais nous arracher ça. Ces deux astres à cinq branches qui illuminent nos cÅ“urs.