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Du bois pour les Chinois, de l’or pour la mafia

Le bois de vène n’a pas de veine en Casamance. Les Chinois l’adorent, les autorités gambiennes et sénégalaises le savent, pratiquent la langue de bois et comptent leurs billes, qui ne sont certainement pas toutes de bois.

Au printemps 2016, TV5 Monde évoquait dans son Journal Afrique le problème de la déforestation de la Casamance, la plus belle et plus pauvre région du Sénégal. Le problème était posé en termes clairs : la Gambie fournit à la Chine 30 % de ses importations mondiales de bois rouge ou « bois de vène ». Un bois estampillé « gambien » alors que ce pays n’a pratiquement plus de forêt depuis longtemps. Ce bois provient en effet de la Casamance voisine, où son exploitation est « strictement » interdite par la loi sénégalaise depuis plus de vingt ans.

Trois ans plus tard, le quotidien sénégalais l’Obs titre à la une de son édition du weekend (27 et 28 avril 2019) : « Au cÅ“ur de la mafia du bois ». Les mécanismes de la corruption sont détaillés sur deux pages à l’intérieur du journal… et les autorités se contentent d’invoquer un manque de ressources humaines pour mettre fin au pillage juteux qui détruit cette belle forêt.

Pour ma part, je trouve l’argument un peu cavalier car il est pratiquement impossible de faire plus de 15 à 20 km sur les routes de Casamance sans tomber sur un barrage de l’armée ou de la gendarmerie. Mais leur mission « de protection Â» se limite au contrôle des papiers et à une inspection sommaire du contenu du véhicule. Un camion chargé de bois au sud de Ziguinchor ne peut ainsi en aucun cas rejoindre la Gambie sans être passé par moult contrôles. Mais il y parvient quand même dans la plupart des cas. Interrogé, le directeur des Eaux, Forêts, Chasse et conservation des sols déclare avec fierté que plus de 800 procès-verbaux sont dressés chaque année et prétend que la prison de Kolda est pleine à cause des délinquants forestier. Mais le président de la République ayant promis de recruter 50 000 agents dans le cadre du PSE (Plan Sénégal Émergent), nous voici rassurés…

En attendant, on reboise (un peu) aux frais du contribuable et on déboise (beaucoup) au profit des multinationales, des trafiquants et peut-être aussi de quelques PSE (Potes Sénégalais Émergés).

Source:
Mediapart

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